Max Bill, artiste social

Max Bill, né le 22 décembre 1908 à Winterthur (CH), fut l’un des plus prestigieux artiste suisse du XXème siècle et le plus célèbre étudiant sorti du légendaire Bauhaus de Dessau.

Anti-fasciste de la première heure, de nombreuses publications partisanes portent sa signature et toute son œuvre d’avant-garde comme peintre, sculpteur, architecte, designer, graphiste, typographe, éditeur, théoricien de l’art  et homme politique est marquée jusqu’à sa mort par une responsabilité sociale et une conscience pour l’environnement,  préoccupations devenues aujourd’hui d’une actualité hallucinante.

Max Bill a toujours lutté contre la surconsommation et la production d’objets inutiles. Il était opposé à l’énergie nucléaire et avec Sartre, Max Ernst, Simone de Beauvoir, Max Frisch et d’autres, il va signer la première protestation des artistes européens contre la Guerre du Vietnam parue en 1965 dans le New York Times.

 

Son travail a été exposé dans les musées et les galeries du monde entier comme le Kunsthaus de Zurich, le Guggenheim de New York, le Museum of Contemporary Art de Florence, le Bauhaus Archive de Berlin et le MoMA de New York.

 

Notes biographiques

Après avoir chapardé de petits romans policiers dans un kiosque, les parents de Max Bill le placent très jeune dans une maison de correction. Son oncle, Ernst Geiger, peintre célèbre, lui fait alors cadeau d’une boîte de couleurs … Ses premiers tableaux voient le jour dans ce foyer d’éducation.

De 1924 à 1927, Max Bill étudie l’orfèvrerie à la Kunstgewerbeschule de Zurich, école de laquelle il est renvoyé.

Suite à une conférence donnée par Le Corbusier, il s’inscrit alors en architecture au Bauhaus de Dessau. Il y suit les cours des peintres Paul Klee, Vassily Kandinsky et de l’architecte Hannes Meyer qui avait succédé à Walter Gropius.

© Odile / Archives Wohnbedarf

En 1929, il retourne à Zurich pour exercer son métier d’architecte, de designer et de typographe, en participant notamment au développement de la firme Wohnbedarf AG, créant logos, brochures, publicités et invitations autour de la marque.
Avec le peintre Jean Arp, il rencontre en 1932  Piet Mondrian et Georges Vantongerloo dont l’influence l’amène à adhérer au mouvement Abstraction-Création.

En 1936, dans le catalogue de l’exposition “Problèmes actuels de la peinture et de la sculpture suisses” du Kunsthaus de Zurich, il pose les principes de l’art concret. Pour Max Bill, « concret est le contraire d’abstrait : l’art figuratif est abstrait de la réalité, tandis que l’art non-figuratif, qui est une pure création de l’esprit, devient concret par sa matérialisation, comme une chose existant dans la réalité ».

 

Par la suite, Max Bill participe aux activités de l’association Allianz fondée à Zurich, qui regroupe tous les artistes suisses modernes dans le but de les faire connaître, par l’organisation d’expositions et l’édition de catalogues. Dans le même temps, il collabore à l’édition complète des œuvres de Le Corbusier entreprise par l’éditeur suisse Girsberger.

Dès le début des années 40, il aborde la recherche picturale sur le carré et les autres figures géométriques.

Il organise à la Kunsthalle de Bâle la première exposition internationale d’art concret, où il présente une cinquantaine d’artistes rattachés à ce courant.

La même année, il est engagé comme professeur d’étude des formes à l’École des Arts Appliqués de Zurich.

Three Circles Low Table, Max Bill, 1949, Wohnbedarf (© Archives Wohnbedarf)

En 1948, à Bâle, il organise une exposition sur le design qu’il intitule Die Gute Form. Elle est présentée dans plusieurs villes européennes et fait l’objet d’une parution graphique à contre-courant.

C’est durant les décennies 50 et 60 qu’il développera ses travaux de design d’objet, dont la table Three Circles, la Square Rond Table, le tabouret Ulm et la Sun lamp, pour les plus connus d’entre eux.

 

 

 

En 1949, il publie “La Pensée mathématique dans l’art de notre temps”, ouvrage dans lequel il exprime sa volonté de créer un art rationnel et remplacer l’imagination par la “conception mathématique”. Il commence à peindre des tableaux de grand format au couteau et au pochoir pour obtenir des surfaces lisses et homogènes, ainsi qu’une facture impersonnelle.

Sa première rétrospective est organisée au Museo de Arte de São Paulo en 1950.

Endless Ribbon, Max Bill, 1953

Il participe à la conception architecturale et pédagogique de la Hochschule für Gestaltung à Ulm en Allemagne, destinée à prendre la suite du Bauhaus, dont il sera le directeur des sections architecture et design.

 

© Espazium, éditions pour la culture du bâti

En 1964, il devient l’architecte en chef de la section “Éduquer et Créer” de l’Exposition Nationale de Lausanne.

On lui doit la conception du Théâtre de Vidy, concrétisation à grande échelle de ses réflexions en matière de préfabrication et de durabilité, la structure étant pensée pour pouvoir être réutilisée après son démontage. Le théâtre existe toujours, il n’a jamais été démonté et subsiste encore aujourd’hui comme un lieu culturel réputé des arts de la scène.

 

De 1967 à 1974, il est professeur de l’Institut supérieur d’État des beaux-arts de Hambourg.

En 1985, il est nommé président de l’Association des archives du Bauhaus de Berlin et c’est une année avant sa mort qu’il est le premier suisse à recevoir à Tokyo le « Prix Nobel des Arts », le Praemium Imperiale.

Le 9 décembre 1994, alors qu’il préside sa dernière mission pour les archives du Bauhaus, il s’effondre et décède à l’aéroport de Tegel-Berlin.

(Sources : Max Bill – Un Regard absolu, film d’Erich Schmidt)

 

Une très documentée exposition sur le Bauhaus, the bauhaus #itsalldesign a eu lieu au Mudac (Musée de Design et d’Arts Appliqués Contemporains) de Lausanne, jusqu’au 6 janvier 2019.

Elle présentait tous les aspects de l’école et du mouvement Bauhaus, de la conception d’objets et d’espaces à des questions plus générales sur le rôle de l’artiste et du designer dans la société. Faisant dialoguer de nombreuses pièces originales et documents d’archives des années 1920-1930 avec des réalisations plus contemporaines, l’exposition permettait d’appréhender l’importance encore marquée du Bauhaus dans la création d’aujourd’hui.

(Sources : © Mudac, Lausanne)